LE JOUEUR DE FLÛTE DE HAMELIN

 

Kochka d'après les frères Grimm

illustré par Aline Bureau

 

joueur de flute de hamelin kochka

Aux premières notes qu'il joua, des oreilles grises se dressèrent et de fines moustaches surgirent.

 

Publication jeunesse loi n°49-956 du 16 juillet 1949

 

Album    Conte

Enfant

 

   Un joueur de flûte arrive dans la ville de Hamelin envahie par les rats. Contre mille pièces d'or, il propose aux habitants de les libérer des rongeurs.

   Mais une fois sa mission accomplie les villageois, avares, refusent de payer...

Critique par Antonine A.

 

    J'ai eu le plaisir de trouver ce livre dans ma boîte à lettres il y a une semaine. À peine ouvert l'enveloppe contenant l'album qui m'était envoyé par le Père Castor, j'ai eu envie de me plonger dans cette histoire. Le style des illustrations me parlait, et puis j'aime cette dure histoire des frères Grimm. J'étais vraiment curieuse de découvrir ce conte sous une autre plume et la manière dont l'auteure l'avait adaptée (ou non) pour les tout petits.

    L'histoire est plutôt bien retranscrite, avec une fin quelque peu adoucie par rapport au support de départ : le sort des enfants n'est pas statué, et c'est surtout la punition des parents dont on se souvient, mais nous y reviendrons. Parlons tout d'abord de l'écriture du livre. Comme on s'y attend dans un album jeunesse, le style est simple, les phrases pas trop longues, et les épisodes sont partagés en petits blocs de texte rendant la lecture très aisée. Le lecteur peut s'amuser à prendre la voix des différents personnages grâce à de nombreux dialogues et chansons insérés tout au long de l'histoire, rendant le livre vivant et d'autant plus intéressant à suivre. On peut regretter cependant que la simplicité du texte le rende sec et factuel par moments. Ainsi, la fin abrupte manque de charme, fait un peu triste lorsqu'il est question de l'envoûtement de la musique. On a vraiment l'impression qu'il manque une phrase ou une idée et c'est très dommage lorsque l'on sait l'impact des chutes sur les enfants. De plus, on remarque par-ci par-là deux trois mots de vocabulaire pas forcément facile à saisir pour un enfant, mais ils sont peu nombreux et le parent, conteur ou non, peut facilement les expliquer à son enfant. Ainsi le texte reste accessibles, et c'est l'important.

    Les illustrations sont, à mon humble avis, l'atout de cet album. Très épurées, dans des tons clairs avec une dominance de bruns, elles offrent une ambiance d’antan qui reflète parfaitement le contexte historique, la saison hivernale et la pauvreté dans lesquels s'ancre le conte. Le traitement des personnages est vraiment intéressant puisque les visages reflètent l'intérieur des gens. Les avares du village ressemblent à des sorcières avec leurs rides et leurs nez crochus, les enfants sont l'innocence gaie de la jeunesse. Mais le meilleur traitement va au joueur de flûte. Personnage ambigu, le dessin retransmet la dualité du personnage. En effet, ses vêtements colorés de troubadour itinérant et son visage souriant au début en font vraiment la figure salvatrice du bienfaiteur qu'il semble être. Mais lorsqu'il met en œuvre sa vengeance, ses traits deviennent cruels et rappellent les korrigans malfaisant des contes du nord.

    L'histoire du Joueur de flûte de Hamelin est connue puisqu'elle appartient au folklore des contes populaires récoltés par les frères Grimm au XIXe siècle. Il cependant est fort à parier que l'enfant qui lit ou écoute ce livre pour la première fois ne connaît pas la dure fin du conte, et le choix d'illustration pour le joueur du flûte permet de conserver cette surprise. Le traitement des personnages est propre aux contes : c'est-à-dire qu'ils correspondent à des types (l'enfant, l'avare, le bon, le méchant). L'originalité tient dans le personnage du joueur de flûte qui est tour à tour bon et méchant, véritable surprise pour un jeune lecteur encore ignorant du conte original. Le conte est d'ailleurs bien retranscrit. Les péripéties s'enchaînent rapidement et naturellement, il n'y a rien à redire. Il me semble que la fin a été adoucie sans tomber dans la mièvrerie, ce qui est une bonne chose. La mort des enfants n'est pas écrite, donc n'est pas avérée. À l'enfant de trancher finalement. Ce choix est peut-être dû à l'angle choisi par l'auteure pour traiter l'histoire. En effet, il y a deux aspects qui peuvent être mis en évidence : l'avarice des villageois et la cruauté du joueur de flûte. Ici, la méchanceté du vagabond ne semble être que la conséquence, la punition au comportement des villageois. Ils sont repentants à la fin puisqu'ils regrettent leurs enfants : la leçon est donnée au lecteur. Il faut être généreux et payer le juste prix pour ce que l'on veut. Rien n'est gratuit dans la vie et on ne doit pas revenir sur une parole donnée. Il est un peu triste qu'on ne dise rien de la vengeance excessive et mal dirigée du joueur de flûte, mais on ne peut pas donner trop de leçons à la fois pour un tel public je suppose… Au parent après d'en discuter avec son enfant si le cœur lui en dit.

    Finalement, Le joueur de flûte de Hamelin est un livre très agréable à lire grâce à de très belles illustrations et un personnage complexe bien traité. L'histoire est sympathique mais mériterait peut-être une langue un peu plus poétique. Une histoire rude, malgré une fin quelque peu allégée, qui saura plaire aux enfants.

note

très beau

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