LES ENQUÊTES DE CAWÈLÊR
André-Pierre Diriken
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LA PENDUE D'OUTREMEUSE
C'était une sale petite journée belge, triste et grise dans le cimetière de Robermont noyé sous les chrysanthèmes de la Toussaint. Déjà les premières morsures du gel avaient noirci leurs curieux pétales immobiles et crochus comme les ongles des morts.
Policier Humour
Adulte
François Boudrikêt, commissaire de police à Liège, vient à peine d'enterrer son grand-père, que déjà le service le rappelle à l'ordre. Mais qui aurait cru qu'une jeune inconnue serait retrouvée pendue dans pendue dans le petit auditoire de dissection de institut d'anatomie ?
Accompagné d'un petit "marcou" de gouttière, notre enquêteur belge va devoir résoudre cette étrange affaire...
Critique par Maud G.
Premier tome d'une belle lignée de romans policiers humoristiques, je remercie l'auteur d'avoir fait confiance à Histoires de Romans et moi-même pour la lecture et la chronique de ces livres. LES ENQUÊTES DE CAWÈLÊR est une série belge à l'humour wallon et à la saveur d'un bon liégeois qui saura en ravir plus d'un.
Avec cette première aventure, on découvre un style d'écriture léger, fluide et sans fioriture qui s'accorde avec habilité à une écriture très masculine, au second degré poussé et particulièrement plaisant. Le rythme est très bon, mais la dynamique tend à retomber trop vite d'une scène à l'autre... un peu dommage. L'humour, parfois un peu maladroit, est omniprésent, que ce soit dans la narration par les faits et gestes des personnages, qu'à travers les dialogues, et ne manquera pas d'arracher, au lecteur, plus d'un sourire. De plus, nombreux sont en wallon et donne un petit côté sympathique qui correspond bien à l'ambiance et à l'univers purement belge du livre. Juste un bémol désagréable, les règles de mise en page non respectées donnent, certes, un texte très aéré, mais les découpages incessants par sauts de ligne quasi systématiques font perdre toute la continuité et surtout fausses totalement l'ensemble des messages inconscients que donnent normalement les retours, sauts de lignes etc.
L'histoire est assez originale et met en scène des faits tous plus abracadabrantesques les uns que les autres. Tous est gros à l'extrême et c'est ce qui marche ! De même, l'intrigue est tournée de telle manière que le lecteur est happé par l'enquête et par les évènements permettant d'aboutir aux révélations, surprenantes, qui défilent à travers le récit. Les différents protagonistes sont mis en scènes avec logique et l'auteur prend bien soin de les développer sans excès pour pouvoir surprendre le lecteur par une nouvelle facette de leur personnalité, dans des moments particuliers. Dans ce premier volume, il est intéressant de constater la dualité entre le héros-enquêteur et son chat-conscience qui forment véritablement une sorte de personnage unique et dont l'absence de l'un déteint sur les "capacités" de l'autre ; mais également leur mutation, discrète et progressive tout au long du récit, qui va aboutir à l'affirmation de ces deux personnages distinctement sans pour autant les dissocier, afin d'exploiter le potentiel de chacun d'eux de manière complémentaire et permettre la mise en place d'un duo inséparable. Et finalement, on peut se rendre compte de la place importante de Cawèlêr comme "faire-valoir". Enfin, l'environnement, le décor, les lieux choisis pour l'enquête participent réellement à l'ambiance générale du livre avec cette accumulation de "trop" qui fait toute la saugrenuité et l'humour de l'histoire.
Pour résumer, LA PENDUE D'OUTREMEUSE est un roman policier humoristique qui plaira à nombre de lecteurs et en fera rire plus d'un, mais qui reste plutôt destiné à un public adulte du fait de son côté très "mâle". À découvrir !
Divertissant
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L'OREILLE COUPÉE
Non seulement elle avait transformé les oreilles de notre petit chat en deux poupées de gaze ridicules, mais surtout elle avait libéré sa fourrure des capitules de bardanes, en toréant à tort et à travers avec de grands coups de ciseaux.
Policier Humour
Adulte
À bout de force, Cawèlêr me dardait de ses yeux mi-clos. L'eau de mes cheveux trempés ruisselait le long de mes sourcils jusqu'à la pointe de mon appendice nasal passablement éraflé, suite à ce stupide plongeon dans la gravière. Instinctivement, je voulus prendre un mouchoir pour m'essuyer. Je ne retirai de la poche de mon short qu'un carré de tissu gorgé d'eau et un bout d'oreille. Non. Pas une boucle d'oreille. Tu as bien lu ! Un bout d'oreille...
Le commissaire Boudrikêt et Cawèlêr, le marcou télépathe, sont de retour dans un polar désopilant où les feuilles de chou se ramassent à la pelle. De Liège à Londres, nos fins limiers tenteront cette fois-ci de démasquer un serial killer particulièrement rusé.
Critique par Maud G.
Deuxième tome des ENQUÊTES DE CAWÈLÊR, je remercie l'auteur de m'avoir fait découvrir son livre lors d'un salon littéraire. Les aventures de ce petit chat aussi wallon que liégeois et de son compagnon m'auront fait passer un très bon moment de lecture et auront même réussi à me faire rire.
Le style est fluide, léger, agréable, avec une écriture très masculine et même très machiste que le second degré et l'humour omniprésents rendent particulièrement délicieuse. Le rythme très correct s'accorde parfaitement avec la bonne dynamique, même si cette dernière est utilisée avec un peu de retenue. L'auteur utilise beaucoup le wallon dans ses dialogues, notamment dans les "prises de paroles" du chat Cawèlêr, qu'il traduit dans les notes en bas de pages ; aussi, en plus de ce petit côté authentique plein de charme et participant à l'humour du texte, on s'étonne de rapidement s'amuser à parfois essayer de traduire par nous-même ces quelques mots.
Pour ce qui touche à l'histoire, toute l'intrigue repose sur une toute petite découverte que le hasard - pas si hasardeux que ça - retourne en une enquête bien ficelée aux méthodes pas toujours conventionnelles, au déroulement et révélations plus ou moins surprenants. Les personnages sont richement illustrés par les mots de l'auteur. Leur psychologie est très bien pensée et participe à la formation systématique d'un lien logique pour établir une interaction entre les différents protagonistes. On note néanmoins une certaine extravagance dans l'écriture à renforcer le côté très "mâle"du héros et ce qu'il en fait avec la gent féminine, donnant des scènes parfois relativement invraisemblables, mais que le second degré laisse relativement passer avec naturel. Aussi, on ne s'étonnera pas de retrouver de retrouver le cliché du jeune policier séduisant et tombeur qui fait chavirer le corps de ses dames. Pour ce qui touche à Cawèlêr, j'ai eu l'agréable surprise de voir ce chat personnage non pas principal, mais bien secondaire, et c'est justement cet atout qui lui permet de jouer une place centrale de choix pour rendre les échanges et la vision de l'histoire si passionnante. Le roman évolue en Belgique, dans un univers très belge développant judicieusement certains des clichés que l'on pourrait en avoir et ne manque pas de glisser de temps à autres quelques petites références typiques telles que le héros de Hergé.
Pour conclure, un livre plein d'humour qui ne manquera pas d'en faire rire plus d'un, mais que je recommande plutôt à un public adolescent et adulte.
Félinement drôle et belge