DÉS-AGRÉGÉE
EN FAUTEUIL ROULANT DANS L’ÉDUCATION NATIONALE
Julie Moria
On connaît tous la séquence des roues dentées avalant le pauvre Charlot au début du film culte "Les Temps Modernes", ou encore la scène des moulins à vent qu'affronte Don Quichotte dans le roman de Cervantès. Il semble bien que vous puissiez, aventureux lecteur qui tournez ces pages, garder à l'esprit ces deux images pour pénétrer au coeur des mécanismes de l'Education nationale.
Publication générale francophone
Témoignage Autobiographique
Adolescent Adulte
Ce témoignage relate, avec une pointe d’humour tragi-comique, mes deux ans comme professeure agrégée, stagiaire et en situation de handicap, dans l’enseignement public : une expérience lors de laquelle j’ai navigué de Charybde en Scylla et me suis confrontée à une institution lourde de dysfonctionnements. Par ailleurs, je suis porteuse d’une maladie rare qui m’oblige depuis toujours à me déplacer en fauteuil roulant. Malgré les difficultés liées à ma situation, j’avais pourtant longtemps imaginé ma carrière toute tracée au sein de l’enseignement.
Un système prétendument « bienveillant et inclusif » fort de ses absurdités kafkaïennes a eu raison à petit feu de ma passion pour la transmission... du moins dans le cadre de cette institution. Commentaires outrageants de la hiérarchie, délires administratifs, messes pédagogistes : ce livre relate un étrange chemin révélateur du degré de déconnexion entre le terrain et les différents échelons de l’Éducation nationale. Au-delà même de ce que j’ai subi, ce récit révèle plusieurs motifs du mal-être des professeurs et de l’état de l’institution, dont les victimes sont avant tout nos élèves.
Critique par Maud G.
Quand j'ai découvert la publication de ce témoignage de Julie Moria, auteur brillante en situation de handicape, je n'ai pas hésité une seule seconde à me le procurer pour soutenir son action. J'avais vraiment envie de découvrir son parcours, comprendre. Mais je n'était pas préparée à tout ce que j'allais lire.
Quand on lit un témoignage, on ne s'attend pas forcément à une recherche au niveau du style. Pourtant, Julie Moria nous offre une plume fluide, travaillée, d'une incroyable justesse, empreinte d'un humour - mais surtout d'un cynisme - piquant et théâtral venant transformer ce court récit autobiographique en une véritable tragi-comédie ! La narration autodiégétique - à la première personne donc -, est une évidence quant à son utilisation et pose les lecteurs comme confidents de l'auteur-narratrice. Le texte est vivant, dynamique, particulièrement rythmé, et pourrait sans problème être adapté pour le théâtre ! Si Molière nous était contemporain, il aurait très bien pu le porter sur les planches sous un titre satirique tel que "l'Académie de la bienveillance". Julie Moria sait manier les mots sans lourdeur, alternant les registres de langues et variant le ton. On regrette presque la courtesse du livre, tant les phrases s'enchainent naturellement.
A travers son témoignage, Julie Moria nous raconte son parcours de professeur agrégée stagiaire dont la situation de handicape demande, outre un établissement scolaire accessible aux fauteuil roulants - ce qui au XXIe siècle devrait être la norme -, divers aménagements légaux afin de lui permettre d'enseigner comme n'importe quel professeur. Pourtant, on découvre bien vite que l'institution a quelque difficulté avec les bases et pratique avec brio l'hypocrisie sous le couvert d'un discours moral en faveur de l'intégration, ou tout du moins tant que cela ne dérange pas. Sans jamais se porter dénonciatrice, l'auteur nous fait réaliser combien la
Dés-Agrégée est le genre de livre témoignage qui vous retourne. J'ai avalée les pages sans m'en rendre compte et, une fois la fin atteinte, je n'arrivais toujours pas à réaliser que tout ce que j'avais lu était réél . Je savais que l’Éducation Nationale Française était en perdition... Mais je ne l'imaginais pas à ce point désagrégée.
Car bienveillance rime avec violence