ANGE MAUDIT

 

Frédéric Merchadou

 

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La bleue, l'absinthe. Rien que d'évoquer son nom subtil, le parfum de l'anis et du fenouil caresse mes narines. Ma main tremble un peu, ma gorge devient sèche. Absinthe. J'ai soif d'elle.

 

Littérature de l'imaginaire

 

Fantastique    Horreur    Gothique

Adulte

 

    Dans la maison d'Herberay les invités sont rares, mais ils restent longtemps. Très longtemps. Les gens du coin murmurent parfois qu'une étrangère est entrée dans l'obscurité des bois qui gardent le domaine. Mais nul ne l'a jamais vue repartir. Automne 1883. Le peintre Mathias Yequel a accepté de venir travailler à Herberay. En ce lieu isolé, le jeune artiste parisien espère vaincre sa dépendance à l'absinthe qui le pousse vers la folie. Pourtant, dans l'ancienne demeure d'Herberay où les découvertes étranges s'enchaînent, il lui semble plus que jamais perdre la raison. La vieille maîtresse des lieux exerce sur lui une fascination surnaturelle qui l'envoûte et l'effraie tout à la fois. Il se demande encore ce qu'elle attend vraiment de lui quand on le présente à l'enfant aux yeux blancs, enveloppé d'une aura de puissance, inséparable de sa flûte dont les sons serpentent autour de lui.

    À l'incompréhension de Mathias s'ajoute le poids grandissant d'une menace. Contre sa souffrance, contre le danger qui s'affirme, peut-il vraiment compter sur l'aide de cette drôle de fille tombée amoureuse de lui au premier regard-? Paule a l'air prête à tout pour défendre cet homme qu'elle n'a rencontré qu'une fois, dans le magasin de son père. Mystérieusement, elle semble protégée des dangers qui émanent du domaine... Mais jusqu'à quel point peut-elle défier la vieille et l'enfant sans que, sur elle aussi, se referment les grilles d'Herberay ?

Critique par Maud G.

 

    Ange Maudit, un titre oxymorique qui interpelle, une couverture qui met mal à l'aise, le lecteur se prépare à vivre une expérience avec le mystère... Avec l'au-delà. Je remercie chaleureusement les éditions Malpertuis pour leur partenariat avec Histoires de Romans qui m'aura permis de découvrir et chroniquer ce véritable petit bijou.

    L'écriture est vraiment l'un des points forts de ce roman. Le style est incroyablement travaillé et maîtrisé. Et quelle plume ! Fluide, légère, agréable, l'auteur a un don avec la narration à la première personne, au présent de l'indicatif, avec changement de point de vue interne. Une prouesse qu'on aimerait rencontrer plus souvent ! Le vocabulaire est riche tout en restant accessible à un large public ; la dynamique est très bonne, malgré un rythme qui peine à garder un peu de tenu. Les dialogues sont toujours intéressants et participent pleinement à l'atmosphère du récit tout en donnant une pointe d'authenticité. A noter, l'auteur emploie parfaitement la forme interrogative inversée dans les incises... Et cela fait vraiment plaisir !

    L'histoire maintenant ! Frédéric Merchadou nous entraîne à la fin du XIXe siècle, entre campagne conservatrice et mœurs parisiennes, pour nous dresser le tableau de cette époque éclairée par les prémisses de sa modernité. Récit d'horreur, on prend plaisir à retrouver certains codes hérités du célèbre roman gothique : demeure isolée, environnement hostile, souterrains, apparitions. Les personnages sont assez typiques du roman fantastique évoluant dans un univers XIX-XXe, riches dans leur construction sans être inutilement trop décrits, attrayants quelque soit leur rôle. Mystères, charmes, ésotérismes planent de manière omniprésente autour de l'histoire, ses lieux et ses protagonistes. Chaque détail a sa place, a son importance... rien n'est laissé au hasard. On prend plaisir à suivre nos héros dans leurs péripéties et avec l'ambiance constamment tendue et chargée de secret, le lecteur reste aux aguets mot après mot. Sans faire réellement peur, le suspens monte, encore et encore, sans jamais retomber, suivant au millimètre près la courbe d'intensité scénaristique, jusqu'à la chute "en début de boucle" qui, bien qu'un classique du genre montre une certaine originalité dans son exécution.

    Que dire de plus, sinon que Frédéric Merchadou nous envoûte en faisant revivre, à travers ses mots, cette tradition du roman gothique et du roman victorien. Ange Maudit est le mélange magique qui allie modernité et authenticité... Bref, un vrai coup de palpitant comme on l'aurait en lisant Sheridan le Fanu ou Oscar Wilde. Laissez-vous charmer par cette petite merveille de la littérature fantastique horrifique.

note

une merveille !

coeur

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